Le 7 août 2020, un message de Franck S.

Mon grand-père, Albert Demange, a travaillé aux éditions Bias, de 1931 à 1957.
Un jour de 1949/50, une femme d’une soixantaine d’années est venue proposer quelques chose de très original : un livre de coloriage en relief. Le projet séduit tout le monde immédiatement.
Une relation se noua entre mon grand-père qui était veuf, et cette personne très secrète quant à son art, et la manière de le pratiquer. Elle s’appelait Béatrice. Un jour, elle lui montra des sous-verres qui représentaient des oiseaux et qu’elle voulait vendre. Mon grand-père, étonné par l’originalité et la qualité de ce qu’elle lui présentait, l’assaillit de questions quant à la réalisation de ces verres. Mais elle avait l’art de l’esquive, et ne lui révéla jamais aucun détail, au nom du secret de la création, qui, suivant ses dires, briserait le charme.
Mon grand-père ne s’en inquiéta pas, mais durant les 8 mois que durèrent leur relation, jamais elle ne l’invita chez elle. Elle tenait tout particulièrement à son intimité ..
Cependant, mon grand-père trouva étrange qu’à chaque fois qu’il lui demandait de faire un dessin, elle éludait en changeant de conversation.

Un jour, il fut renversé par une voiture et se trouva immobilisé chez lui avec deux fractures à la même jambe. Il remarqua qu’à chaque fois que Béatrice était là en même temps que le médecin, elle savait poser les bonnes questions et parlait d’égal à égal avec lui. Au bout d’une semaine, il comprit qu’elle était plus diserte en propos médical qu’artistique. Elle qui le soigna durant les 4 mois de sa convalescence. Elle passait régulièrement l’après-midi avec lui et, un jour, lui avoua à regret qu’elle avait été infirmière. Il comprit aussi qu’elle avait un enfant, sans savoir si c’était un garçon ou une fille.
Puis un jour, alors que mon grand-père lui parlait d’un de ses amis atteint d’éléphantiasis, son visage se figea, elle le regarda fixement, et ses yeux se mirent à pleurer. Il lui en demanda la raison, et elle répondit qu’elle ne pouvait en parler car le sujet la touchait trop. Mon grand-père insista. Alors elle se leva, elle partit, et ne revint plus jamais.
Mon grand-père ne put jamais la retrouver, tout ce qui lui restait d’elle, c’était les cadres qu’il lui avait achetés, et que vous avez aujourd’hui.
Il est décédé en 1977.
Franck


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