Bien sûr, j’ai filé lire Les Oiseaux 1.
Mattis est bouleversant. Pris dans les affres d’une vie qu’il ne maitrise que très moyennement, celle des humains.
Ce qui lui donne vie, c’est la nature. Il y trouve force et ébauche de certitudes. Les oiseaux indiquent la direction, fixent la norme : C’est presque comme une aile d’oiseau, ça, dit-il de la main qui l’avait caressé.
Une bécasse a, un jour, décidé de déplacer son vol au-dessus de la maison. Signe de reconnaissance.
Tu es toi, dit une voix au dedans de lui. Du moins est-ce ce qu’il entendit. C’était dit en langage d’oiseau, écrit en écriture d’oiseau.
Début d’une histoire d’homme parmi les hommes.

Regarder les filles en face, leur parler comme un humain, affronter l’orage, devenir passeur sur le lac avec sa vieille barque.
Et la culpabilité, les trahisons qui vont avec : c’est lui qui, fier, a indiqué au chasseur le lieu et l’heure de la passée de bécasse : elle meurt. C’est lui qui, fier, a emmené Jörgen, le beau bucheron, à sa sœur Hege : début de la fin de son histoire d’homme.
Les oiseaux sont, somme toute, peu présents. Ils réapparaissent à la dernière ligne du roman : Cela fit comme un cri d’oiseau sur le lac désert. Savoir si l’oiseau était grand ou petit, cela ne s’entendit pas.
Mattis, né de l’oiseau, meurt avec l’oiseau.

1. Les Oiseaux. Tarjei Vessas. Traduit du norvégien par Régis Boyer. Éditions Plein Chant. 1986.

Et notre cordonbleu ? Ici, il est en bas à gauche.
En compagnie d’une fauvette babillarde, Sylvia Curruca, en haut à droite.
Cette babillarde est un petit oiseau discret à gorge blanche qui passe la saison chaude en Europe, à la campagne ou à la ville, s’y nourrit d’insectes et de baies et s’y reproduit. Elle arrive en avril-mai et repart vers l’Afrique orientale en septembre-octobre.
Cordonbleu (qui ne migre pas, lui) et fauvette se sont rencontrés en Afrique.
Mais, soyons précis, la fauvette babillarde ne va pas plus loin que l’Afrique de l’Est, Éthiopie, Somalie, Tanzanie ou Soudan, bien avant les déserts namibiens où vit cordonbleu violacé.
C’est un autre cordonbleu qui habite là : cordonbleu cyanocéphale. La fauvette babillarde aurait pu l’y rencontrer.
Mais l’œuvre de Decbel n’est pas un précis d’ornithologie.
Pas plus que celle de Tarjei Vessas.

/… à suivre


Zoom sur