Soir de fin d’été, sous les arbres du champ de foire. Ce qui l’avait attiré là c’était un gazouillis inhabituel. Il savait, on lui disait ça enfant à P., que le soir les oiseaux font leur prière avant de s’endormir, c’était ce qu’on racontait. Et là, c’était ça mais une prière longue et ininterrompue. Il n’arrivait pas à reconnaitre le cri d’un seul oiseau. Ils étaient nombreux mais comme si l’un reprenait où l’autre s’arrêtait pour produire cette sérénade lancinante. Le soleil a filé vers la mer laissant la ville et la Charente dans l’ombre derrière lui et tout s’est arrêté, comme à un signal compris de tous.

Un matin, près du Quai aux Vivres, ciel bleu, promenade avec les enfants, C. est restée à la maison. Le même pépiement tendu ça fait rire les enfants, qu’est-ce ? Le gamin dit que ça lui rappelle quand il arrive en retard à l’école et qu’il entend ses copains jouer dans la cour, des hurlements joyeux, une volière, voilà le mot : volière. La petite fille s’éloigne, P. l’appelle, ils parlent plus fort, le sifflement s’arrête sitôt remplacé par un vacarme de frottements, train qui entre en gare, gros bateau qui file sur l’eau.

Au-dessus d’eux des centaines de corps ailés noirs se détachent des arbres, des corps comme un seul corps, particules d’un nuage, deux puis trois nuages qui, au signal du premier s’éloignent et se rejoignent au bout de la rangée d’arbres de la promenade, corps nuageux corps de particules changeant de direction unanimement assombrissant le ciel pour quelques secondes. Milliers d’étourneaux.

 

Oiseau lyre. Decbel ca 1960. peinture sous verre multicouche


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