Un des rares dessins de Pierre Loti où des oiseaux sont présents ce sont ces deux marins qui ramassent des oiseaux morts.
Le dessin fait référence à un épisode de Pêcheur d’Islande1.
Une fois, dans sa hune, il (Sylvestre) fut très amusé par des nuées de petits oiseaux, d’espèce inconnue, qui vinrent se jeter sur le navire comme des tourbillons de poussière noire. Ils se laissaient prendre et caresser, n’en pouvant plus. Tous les gabiers en avaient sur leurs épaules.2
Sylvestre, dans la vraie vie, c’était plus ou moins, Pierre Scoarnec3. Il voit ça de sa hune, il surplombe.
Le pont du bateau est asile. Dans la hune, nid de pie, le marin devient oiseau à son tour, voit loin, voit de haut.

Samuel, Daniel. Pierre Loti. 1884. Collection particulière

Dans cette hune, il avait (…) sa perruche attachée par une patte et fermant sous le soleil ses yeux clignotants. Sa perruche était un hibou à grosse tête des pampas, tombé un jour à bord à la suite d’un grand vent. Il y a de bizarres destinées sur la terre, ainsi celle de ce hibou faisant le tour du monde en haut d’un mât. Quel sort inattendu.4
Qu’y avait-t-il dans la hune des bateaux de Decbel, que voyait-il de là-haut que nous ne voyons pas ? Une vie d’artisan, d’artiste, pleine d’oiseaux, de bateaux de verre, de transparence, de fragilité.
Qu’y a-t-il dans son univers, en cet immédiat après-guerre, qui lui parle d’oiseaux, de bateaux ?
Être oiseau, être bateau c’est ça ?
Voir sa vie de haut, en relief, voir loin ?

1 Pierre Loti dessinateur. Alain Quella Villégier, Bruno Vercier. Bleu autour. 2009
2 Pêcheur d’Islande. Pierre Loti. 1886

3 Pour Pierre Scoarnec qui fut plus ou moins le « Sylvestre » de Pêcheur d’Islande. Pierre Loti. (1921)
4 Mon frère Yves. Pierre Loti. 1883


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